Coran et Animisme

Publié le 30 novembre 2024 à 18:45

"Le Coran a une vision hautement animiste du monde. En effet pour le Coran toute chose est animée par un certain degré de conscience. Ainsi Dieu Prend en témoin le figuier, l'olivier, le mont Sinnine, le soleil, la lune, les étoiles. Dans le Coran les arbres se prosternent, le ciel et la terre parlent." Ibrahima Sakho.

 

C’est évident que l’usage du terme ‘’animisme’’ parallèlement avec le mot ‘’Coran’’ pose dès l’abord une problématique dans la proportion où le terme s’identifie traditionnellement à des croyances et pratiques païennes. Mais, si on fait recours aux nouvelles théories anthropologiques portant sur l’ ‘’animisme’’, la réalité se révèle autrement. Notamment, en se référant aux travaux de Philipe Descola ou ceux du psychanalyste Jean Piaget. Dans cette optique, l’ ‘’animisme’’ ne fait guère l’objet de conformité à aucune réalité religieuse, mais l’objet d’une création historique dans le but de séparer les croyances et pratiques religieuses qui vont à l’encontre des religions universalistes, en l’occurrence Judaïsme, Christianisme, Islam. 

 

Cette définition généralisée, hormis quelques anthropologues, accorde à l’ ‘’animisme’’ une connotation péjorative, souvent colonialiste pour discréditer les croyances dites ‘’traditionnelles’’ ou ‘’indigènes’’. Or, dans une autre perspective, l’ ‘’animisme’’ consiste en une manière de concevoir le monde et la manière dont l’on doit l’organiser. Ce qui fait qu’elle n’est pas une religion. Et nous en trouvons l’illustration dans la définition de Phillipe Descola via son livre intitulé ‘’Par-delà Nature et Culture’’, en arguant qu’il y a deux perspectives complémentaires qui caractérisent les existants : ‘’intériorité’’ et ‘’physicalité’’. Et l’ ‘’animisme’’ consiste dans ce cas en une sorte de syncrétisme abritant l’identité conjointe des êtres par rapport à leur intériorité, que ce soient humains ou non, et l’identité distincte des êtres par rapport à leur extériorité. 

 

Cette conception de l’ ‘’animisme’’ correspond à la posture coranique à l’égard de l’univers. Car, en analysant, la logique coranique par rapport à la manière dont l’Etre Suprême s’adresse aux autres créatures non-humaines, on constate rapidement que celles-ci sont estampillées d’une ‘’intériorité’’ différente à leur ‘’physicalité’’, et cette ‘’intériorité’’ représente une sorte de ‘’conscience’’ qui comprend parfaitement leur raison d’être. En ce sens le Coran dit : « Nous avions proposés aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en eu peur », (Coran : 33/72). Ce verset met en relief une réalité patente : l’univers est conscient !

 

Dans ce sillage l’usage du terme ‘’animisme’’, conformément aux nouvelles données anthropologiques, ne va pas à l’encontre de la vision coranique des êtres (humains ou non-humains) : des êtres animés intérieurement dans l’optique de remplir une mission bien déterminée. Une conception qui pourrait résoudre une bonne partie des problèmes climatiques causés par la conduite irresponsable de l’être humain à l’égard de l’environnement.

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